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Le barebacking est une pratique sexuelle apparue dans les quartiers de San Francisco au milieu des années 90. Il tire ses origines des soirées à thème organisées dans les domiciles de particuliers.
Comment cette pratique a-t-elle gagné du terrain ? Qu’est-ce que le barebacking ? Décryptage.
Définition et histoire du barebacking
Barebacking vient du terme anglais bareback, dont la traduction littérale en français est rendue par chevaucher à cru. Le terme est appliqué à la pratique du sexe chez les homosexuels. Le barebacking désigne le choix délibéré d’entretenir des pratiques sexuelles non protégées, malgré le risque encouru de transmission du VIH ou d’autres maladies sexuellement transmissibles. Si certaines personnes définissent le barebacking comme toute pratique sexuelle sans l’usage de protection, les barebackeurs y associent le désir et l’érotisation des pénétrations anales non protégées.
L’histoire du bareback remonte aux années 90, alors que l’épidémie du Sida fait des ravages, surtout au sein de sein de la communauté LGBT. Dans les quartiers homosexuels de la ville de San Francisco, les soirées sur le thème des jeux sexuels sans usage du préservatif sont organisées dans des domiciles privés. Pour ces soirées, il y a des règles à respecter :
- toutes les personnes présentes sont présumées être séropositives ;
- ces personnes doivent avoir pris la décision d’assister à ces soirées en toute connaissance de cause ;
- éviter tout débat sur la santé, notamment le statut sérologique, la maladie ou la médecine ;
- elles doivent signer une déclaration établissant la promesse de n’infecter personne avec le VIH.
Loin d’être un sujet à querelles, le bareback pose des questions fondamentales relatives au respect de soi, d’autrui, ainsi que le rapport avec la santé, l’amour, la maladie et la mort.
Au passage, notons que le terme apparaît en France au cours des mêmes années, suite à la commercialisation des trithérapies et la baisse des cas d’infection au VIH.
Les débats sur la pratique du barebacking
Avec la montée en puissance durant les années 90 de l’épidémie du Sida, de nombreuses divergences sont apparues entre les défenseurs de la pratique du barebacking et leurs opposants. Ces divergences portaient sur plusieurs points.
Le débat sur la prise du risque par la personne
S’il est vrai que la prise de risque est individuelle, il est tout aussi vrai que les conséquences impliquent des actions collectives : le coût de la prise en charge médicale, l’accompagnement des malades ayant refusé des actions de prévention, etc. Ces débats soulèvent la difficulté de la couverture de la santé publique face aux réticences individuelles et l’influence de la société sur les comportements.
Le débat sur la liberté sexuelle
Pour le barebackers, le port du préservatif nuit à la qualité des sensations et se dresse contre le sentiment de se donner entièrement à son partenaire. Pour eux, chacun dispose de la liberté de pratiquer la sexualité qu’il souhaite et est responsable de sa santé. Les opposants au bareback quant à eux, accusent ces derniers de promouvoir des pratiques sexuelles dangereuses pour la santé et la vie, avec les risques de transmission des maladies telles que le Sida.
En France ou aux États-Unis, les barebackers s’indignent contre les associations de défense du mouvement gay, taxant leurs actions d’être uniquement motivées par une volonté sociale et politique. L’homosexualité a beau être subversive, les partisans du barebacking prônent une sexualité libre et consentie. Ils se dressent contre l’image donnée à la communauté gay dans le seul but de faire aboutir les revendications en faveur du mariage homosexuel et l’adoption d’enfants.
A contrario, les associations du mouvement gay avancent que leur seule motivation vise à éradiquer la pandémie du Sida au sein de la communauté en faisant baisser le taux de contamination par le virus du VIH et les autres MST et IST.
Les débats sont loin d’être clos. Certes, une avancée significative a permis le recul du virus du VIH, il n’en demeure pas moins que la pratique du barebacking reste la première cause de contamination du Sida.